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La politique Québécoise vue de France
22 octobre 2013

Comprendre les institutions : l'échelon provincial 2/2

Dernier article institutionnel pour quelques temps, ce post clôt les explications débutées ici. et est consacré aux

Les partis non-représentés à l'Assemblée Nationale

Je ne présente ici que certains des partis qui n'ont pas de députés mais ont à mes yeux une certaine importance historique, ce qui induit donc un certain arbitraitre, d'autant qu'il y a très peu de partis politiques anciens dans l'offre actuelle. Pour avoir un aperçu de tous les partis existants je vous renvois à cette page wikipédia qui les liste.

aussant
Jean-Martin Aussant et le logo d'Option Nationale

- Option Nationale (ON) est la conséquence directe du claquage de porte du député péquiste Jean-Martin Aussant en juin 2011, au plus fort de la crise interne du PQ. Si Aussant avait différents désaccords avec sa direction, il pointe avant tout le manque de volonté souverainiste du PQ, qu'il accuse de n'avoir d'indépendantiste que le nom. Quelques mois plus tard il crée Option Nationale, avec le soutien de quelques personnalités du mouvement souverainiste comme les ex-député péquistes Lisette Lapointe et Camil Bouchard ou l'ancien premier ministre péquiste Jacques Parizeau.

Ce parti résolument à gauche possède nombre de points communs avec Québec Solidaire, mais affiche une différence sur la question de l'indépendance. En effet pour ON, l'indépendance est la priorité, une métaphore souvent utilisée est que « plutôt que d'essayer de marcher droit avec un caillou dans la chaussure, on propose de d'abord enlever le caillou ». Le parti a su créer une certaine dynamique, notamment auprès des jeunes, sans cependant susciter un enthousiasme électoral fort. La campagne de 2012 a été assez difficile, sans doute à cause de la jeunesse du parti et d'une difficulté à le dissocier d'autres partis plus anciens. La plupart des candidats n'ont pas dépassé les 2%, le plus gros enjeu étant la réélection du député sortant et chef de parti. Suite à une chaude bataille il a cependant été battu par un caquiste, lui aussi ex-péquiste, alors qu'un candidat du PQ terminait troisième, difficile à suivre pour les électeurs !

Suite à cette dure défaite privant le parti de médiatisation, Aussant a souhaité continuer à développer le parti en vue des prochaines élections mais a démissionné, à la surprise générale, en juin 2013 afin de se consacrer à sa famille. Quelques mois plus tard, il part exercer son métier d'économiste à Londres, laissant son parti orphelin. Une course à la chefferie a lieu en ce moment. C'est un parti pour lequel j'ai de la sympathie mais le moins que l'on puisse dire est que ses premières années sont difficiles. À suivre donc...


- Le Parti Vert du Québec (PVQ) existe dans le paysage depuis 2001, il y avait eu une autre tentative dans les années 80 qui avait été achevé avec le départ du chef vers le PQ, en 1994. Le PVQ ressemble assez au parti vert français d'avant 94 : très en pointe sur les questions environnementales et citoyennes mais refusant de se placer d'un côté ou l'autre de l'échiquier politique. Ainsi le PVQ ne prend pas position sur l'indépendance et refuse de se situer sur l'axe droite/gauche, même s'ils mettent en avant une prise en compte globales du monde et le rejet d'un libéralisme carnassier.

Il a cependant existé pendant quelques années une sorte de pacte de non agression entre l'UFP (Union des forces progressistes) et le PVQ, les partis évitant de faire s'affronter certains de leurs candidats, mais cette formule posait un problème à la fois de positionnement (l'UFP est clairement de gauche et indépendantiste) et de financement, le remboursement se faisant selon le nombre de voix reçues. En 2006 le parti rejette tout accord électoral avec Québec Solidaire, fermant cette parenthèse pour les élections de 2007 et les suivantes. On peut noter qu'en 2008 QS n'a pas présenté de candidats dans les deux circonscriptions où le PVQ avait fait ses meilleurs scores, sans que cela n'impacte véritablement le résultat du parti.

Le PVQ a subi plusieurs crises internes ces dernières années, leur chef Scott McKay a rejoint le PQ (il est depuis député de l'Assomption) en 2008, dernièrement Claude Sabourin a démissionné de son poste de chef en plein Congrès suite à la grogne des militants, etc. Après une belle percée en 2007 où le PVQ avait présenté des candidats dans 108 circonscriptions et terminé quatrième, devant Québec Solidaire. Bon, avec 3,85% des voix certes, mais c'était tout de même significatif, d'autant que certains candidats se plaçaient assez haut (avec un record à 15,73% dans Notre-Dâme-des-Grâce). Aujourd'hui tout ça s'est assez violemment dégonflé, en 2012 le parti n'a pu présenter que 66 candidats et a réalisé 0,99% des suffrages. On peut espérer pour eux que cela se relève un peu maintenant qu'un nouveau chef non-contesté a été élu en la personne d'Alex Tyrrell qui, à 25 ans, est le plus jeune chef de parti du Québec. Au niveau fédéral, le PVQ est clairement lié au Parti Vert du Canada, même si son chef est un proche du NPD et se revendique de l'influence de Jack Layton.

 

 blocpot

- Le Bloc Pot (BP) : S'il amuse souvent plus qu'autre chose, le Bloc Pot est unun parti relativement ancien dans la mesure où il en existe depuis 1998 (hormis le PQ et le PLQ il n'y a guère de partis plus anciens si ce n'est le Parti marxiste-léniniste du Québec, fondé en 1970 !). Depuis cette date le parti a présenté des candidats à quasiment toutes les élections provinciales, à l'exception de celle de 2008.

Le programme est simple : promotion du cannabis – le pot en anglais – et de sa légalisation. Sept points constituent la colonne vertébrale du parti, qui ne se prononce pas sur l'Indépendance mais indique bien qu'il défendra le cannabis quel que soit le régime. Il est à noter que la question de la légalisation ne relève pas des compétences provinciales. Au pouvoir, le parti appliquerai donc une politique de non-intervention autours du cannabis dans la Province en faisant pression auprès des autorités compétentes. Autre précision, le cannabis médicinal est autorisé au Canada1, plus avancé que la France sur ces questions.

Le parti n'a jamais obtenu de scores réellement significatifs, se plaçant quasiment toujours en dessous des 1%. Le record électoral est tenu conjointement par Alex Néron (Hochelaga-Maisonneuve) et Geoffrey Marco (Joliette) qui ont obtenu 2,04 % des voix dans leurs circonscriptions respectives en 2003. Une années qui avait d'ailleurs été la meilleure année du parti puisqu'il avait réussi à présenter 56 candidats. Plutôt en petite forme aujourd'hui, le parti n'a présenté que deux candidats en 2012. Au niveau fédéral, le Bloc Pot est lié au Parti Marijuana.

 

pi

- Le Parti indépendantiste (PI) a été fondé en 2008 et n'a aucun lien avec le Parti indépendantiste qui a existé de 1985 à 1990. Comme son nom l'indique le parti est pour l'indépendance du Québec et s'oppose à toute idée de référendum dès lors que les urnes auraient amené les indépendantistes au pouvoir. Leur programme, assez simple (5 points lisibles ici), se concentre sur ce sujet même s'ils proposent quelques actes engagés comme la conservation de la gratuité des soins, la fin de la spéculation à haut risque de la Caisse des dépôt ou le refus de toute fracturation hydraulique (gaz de schiste). Un autre pan de leur programme est la limitation de l'immigration, à leurs yeux responsable des échecs référendaires alors que les « vrais canadiens-français » avaient voté pour l'indépendance. Pour ce faire ils proposent l'abolition du multiculturalisme, des tests de français obligatoires pour tous les migrants, le refus des signes religieux ostentatoires, etc. Des positions qui les rapproche d'un mouvement indépendantiste fermé, sentiment renforcé par divers scandales liant certains responsables du parti à des mouvement fascistes ou néo-nazis2. Dans ses communiqués le parti a toujours condamné l'extrême-droite et souhaité se séparer de ses brebis galeuses, mais pour un petit de cette taille ça fait beaucoup de scandales. Le poids électoral du PI reste très limité : en 2008 il présente 19 candidats et obtient 0,13% des voix, en 2012 10 candidats et 0,03%.

pmlq

- Le Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ), cité plus haut, a été fondé en 1970 pour défendre une option d'extrême gauche au Québec. Rattaché au Parti Marxiste-Léniniste du Canada, qui se revendique de Cuba et de la Corée du Nord, le PMLQ est cependant fermement indépendantiste. Assez présent en ligne (http://www.pmlq.qc.ca), le parti produit régulièrement des articles et analyses finalement moins radicaux qu'on pourrait le croire, même si sur la scène locale évidemment... Vous vous doutez bien que les scores du parti restent toujours relativement faibles, le parti tournant en général autours d'une vingtaine de candidats et de 0,05%.

- Le Parti Nul (PN) est un parti protestataire comme on en fait peu. Fondé en 2009 il n'a pas de structure et quasiment aucune source de financement, son seul but est d'être le réceptacle du refus des électeurs, faute de reconnaissance du vote blanc. Tout le monde peut-être candidat du parti Nul pourvu qu'il envoie un courriel et assure les obligations légales. Pour le reste le candidat n'est pas obligé de faire campagne et il est tout à fait possible d'avoir plusieurs candidats dans une même circonscription. Le Parti ne vise cependant pas à l'insatisfaction permanente, simplement à permettre d'exprimer son mécontentement. Présent aux élections générales dans 10 circonscriptions le parti a récolté 0,09% des voix. Ce calcul étant fait sur le total des 125 circonscriptions, on peut tout de même souligner qu'il a récolté 2740 voix là où il était présent.

 

***

1Tout comme la culture artisanale déclarée à cet effet, qui ne doit cependant pas excéder la consommation de deux personnes. Un débat a lieu en ce moment au niveau fédéral entre les libéraux, favorables à la légalisation de l'usage récréatif, et les conservateurs, qui s'y opposent. On est loin de la position française qui commence à peine à autoriser l'usage thérapeutique.

2Ainsi, un administrateur du parti dans Louis-Hébert était ouvertement néo-nazi, d'autres cas ont été relevé par un site de lutte contre l'extrême droite.

Les logos et la photo de JM Aussant sont extraits de wikimédia.

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