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La politique Québécoise vue de France
7 mars 2014

Les défections et nouvelles têtes...

Annoncée mercredi, mettant fin à un faux suspense entretenu depuis des mois, la dissolution de l'Assemblée nationale impose la tenue d'élections rapides, dans un mois tout juste aujourd'hui, puisque l'élection aura lieu le 7 avril.

Sentant les choses venir, de nombreux candidats ont été investis ces derniers mois. Il faut dire qu'un mois de campagne c'est court, alors autant se préparer à l'avance. Il reste que de nombreux candidats sont dévoilés en ce moment, cela passe par des candidats "vedettes" mais aussi d'anciens militants, d'ex-personalités politiques fédérales, etc.

Il y a aussi des départs : à ce jour 13 députés sur 125 sortants ont annoncé qu'ils ne se représenteraient pas,. Ce n'est certes pas un très gros taux de renouvellement, mais il faut dire qu'un certain nombre d'élus l'ont été en 2012, où la majorité à changé et que la CAQ a fait entrer plusieurs primo-députés. Petit tour de ces fins de vie politique, parti par parti.

 

plq

Henri-François Gautrin et Pierre Marsan, élus depuis 94 et gaffeurs,
ils se sont fait montrer la porte.

 

Parti Libéral du Québec

- Lawrence Bergman (73 ans), élu de D'Arcy-McGee depuis 1994. Ministre du revenu lors du premier mandat de Charest, il dirigeait le caucus libéral depuis 2008. Le candidat libéral n'est pas connu mais ce sera une circonscription en or, En 2012, Bergman y avait été réélu avec 85% des voix (le PQ terminant 4e avec moins de 3% des voix) et la seule parenthèse à la politique libérale de cette circonscription fut lors de l'élection d'un candidat du Parti égalité (parti formé en protestation à des mesures trop francophiles du gouvernement libéral d'alors).

Jean-Paul Diamond (73 ans aussi), élu de Maskinongé depuis 2008. C'est Marc H. Plante, son assistant parlementaire de 32 ans, très impliqué dans la vie locale, qui tentera de lui succéder. Si la circo a majoritairement été libérale, elle est passée par toutes les couleurs ces dernières années. En 2012 le député sortant n'a gagné que de 729 voix mais il était talonné par une CAQ sans doute moins puissante cette fois-ci (29,95%) et le PQ (29,9%). Le jeu reste ouvert malgré un avantage du PLQ sur le papier.

Henri-François Gautrin (70 ans), élu de Verdun depuis 1994. Ex-ministre des services gouvernementaux, Gautrin libère un fief. Celui-ci est très relatif car il a été réélu de très peu la dernière fois (547 voix) alors que la circo a toujours été libérale. L'âge, la personnalité et les gaffes de Gautrin y étaient sans doute pour quelque chose : il avait été contrôlé en état d'ivresse au volant et a récemment prédit devant des journalistes la victoire du PQ avec une majorité absolue.

Il a été débarqué par le PLQ qui ne voulait plus de cet élu encombrant, il s'est donc retiré pour Jacques Daoust, une des figures économiques présentées par Couillard. Il affrontera Lorraine Pintal, directrice de théâtre et animatrice radio. Un duel favorable sur le papier au PLQ, mais qui peut réserver des surprises (je pense cependant que la personnalité du candidat libéral, neuf et crédible, jouera en sa faveur).

Yolande James (36 ans), élue de Nelligan depuis 2004. Ex ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles puis ministre de la Famille de Charest, cette élue était un poids lourd des libéraux et son retrait, alors qu'elle est encore très jeune, a surpris (elle invoque l'envie de s'occuper de ses enfants). Autre fief libéral – elle avait été réélue avec 66,31% des suffrages – Nelligan a été offerte à Martin Coiteux, cadre de la Banque du Canada et membre du "trio économique" de Couillard. On peut supposer qu'elle reviendra en politique plus tard, au Québec ce genre de retraite partielle est très fréquente et rarement préjudiciable : Pauline Marois avait ainsi annoncé quitter la vie politique en 2006 avant de revenir un an plus tard et de devenir Premier Ministre en 2012, Philippe Couillard avait aussi annoncé son retrait en 2008 avant de revenir prendre la tête du PLQ.

Charlotte L'Écuyer (70 ans), élue de Pontiac depuis 2006. Là aussi, dans un fief qui n'a jamais été que libéral, elle avait obtenu 66% des voix en 2012. C'est le trentenaire André Fortin qui la remplacera très probablement.

Yvon Marcoux (72 ans), élu de Vaudreuil depuis 1998, ancien ministre des Transports et de la justice. Dans cet autre fief libéral il a été assez largement élu (+ de 8000 voix d'avance). On ne connaît pas encore le candidat libéral à sa succession.

- Pierre Marsan (65 ans), élu de Robert-Baldwin depuis 1994. Il avait commis une grosse bourde en envoyant une lettre à une communauté séfarade appelant les croyants aux dons eu égard au soutien que le PLQ avait pu leur apporter par le passé. Très médiatique, ce dossier a pu peser dans son départ, et la circonscription très sûre (réélu avec 75%...) a été offerte à Carlos Leitao, célèbre économiste et candidat vedette du PLQ.

Danielle St-Amand (49 ans), élue de Trois-Rivières depuis 2008. Elle a renoncé à son poste pour des raisons de santé, ce qui a été une surprise pour le PLQ. C'est Jean-Denis Girard - connu pour son combat contre la fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly 2 - qui a été investi par le PLQ. Gardé dans le giron libéral après une chaude lutte en 2012, c'est l'un des plus gros espoirs du PQ qui y a investi un candidat vedette, le journaliste Alexis Deschênes.

Sur huit circonscriptions libérées on compte donc sept fiefs gagnés d'avance, sauf un peut-être (Verdun), moins solide que les autres. A l'exception de Yolande James et Danielle St-Amand tous les députés de ces châteaux-forts quittent l'arène politique après plus de vingt ans de mandat en ayant approchés ou dépassés les 70 ans. La fatigue de l'âge ainsi que la morne perspective de rester dans l'opposition a du en décider plus d'un à passer la main, alors qu' existait en 2012 un espoir de conserver la majorité.

Ce n'est pas un mal pour le PLQ, qui gagne ainsi un certain nombre de circonscriptions attractives pour des candidats vedettes : Carlos Leitao, Martin Coiteux, Jacques Daoust, mais aussi Hélène David à Outremont – circo libérée par Philippe Couillard qui va se présenter à Roseval - et Gaétan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec et transfuge de la CAQ, qui s'est vu offrir la circonscription de La Pinière, où il affrontera Fatima Houda-Pépin, sortante exclue du caucus libéral il y a peu. Une bonne opportunité pour le PLQ de faire élire des candidats solides qui deviendront de futur cadres pour un prochain mandat majoritaire, voire des ministres en cas de victoires libérale.

 

pq

Marie Malavoy et Irvin Pelletier, seuls
démissionaires péquistes à ce jour

 

Parti Québécois

- Marie Malavoy (65 ans), élue de Taillon depuis 2006 (elle avait auparavant été élue de Sherbrooke de 94 à 98). La députée franco-canadienne, éphémère ministre de la Culture de Parizeau et actuelle ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, avait demandé l'appui de son parti pour sa candidature il y a un mois. Elle avait marqué son intérêt pour une nouvelle candidature et c'est donc une surprise de la voir renoncer, mais il semble que cet arrêt ne soit pas vraiment spontané.

On ne sait pas encore qui la remplacera mais la libération de ce fief péquiste hautement symbolique - c'était la circo du fondateur du PQ et mythique premier ministre René Lévesque, mais aussi que celle de Pauline Marois : le PQ n'y a jamais été défait - pourra être utile en ce temps ou le PQ a une avalanche de candidats vedettes à caser/ parachuter.

Irvin Pelletier (67 ans), élu de Rémouski depuis 2007. Invoquant l'âge, ce député bien réélu en 2012 (+ de 8000 voix d'avance) laisse le champ libre au jeune Harold Lebel dans une circonscription relativement stable ( malgré une parenthèse libérale de 85 à 94). Sa désignation s'est faite dans une certaine douleur. L'exclusion de son adversairesà l'investiture a été mouvementée et commentée dans les médias, mais ne devrait pas affecter outre mesure sa candidature.

 

caq

Hélène Daneault et Jacques Duchesneau,
jettent l'éponge après seulement 18 mois à l'Assemblée

 

Coalition Avenir Québec

Hélène Daneault (52 ans), élue de Groulx depuis 2012. Ex-mairesse de Rosemere, cette candidate réputée pour son sérieux avait annoncé il y a un mois qu'elle repartirait pour la CAQ. Son retrait soudain et non explicité a pris le parti de court. Seul le PQ a présenté sa candidate, il s'agit de Martine Desjardins, ex-leader syndicale du Printemps érable, une vedette qui compte bien regagner cette circonscription perdue en 2012.

Jacques Duchesneau (65 ans), élu de St Jérôme depuis 2012. Il avait gagné de peu face au PQ en 2012 (800 voix environ), aidé par sa grande popularité. On ne sait pas encore quels seront les candidat des trois principaux partis mais le PQ espère bien ravir cette circonscription. La CAQ aura du mal à remplacer le charismatique policier anti-corruption, lassé de la politique et de la puérilité des jeux de partis après 18 mois.

Alors que le PLQ perd des candidats souvent âgés, parfois encombrants, dans des circonscriptions quasi-gagnées d'avance, la CAQ, elle, perd des primo-députés têtes d'affiches, qui avaient gagné des circonscriptions difficiles en 2012... Ce ne sont pas de bonnes nouvelles pour le parti qui peine se faire entendre de l'opinion et n'a que 18 sortants. Groupe charnière en 2012 - où il avait pris plusieurs circonscriptions au PQ - il risque sans doute de perdre pas mal de plumes en avril.

 

Indépendant

Daniel Ratthé (57 ans), élu de Blainville depuis 2008. D'abord membre du PQ, il est exclu du caucus en 2011, soupçonné d'être une taupe de François Legault. Il a effectivement rapidement rejoint la CAQ et a été le seul transfuge péquiste réélu en 2012; cela pour être finalement exclu du caucus de la CAQ en raison d'allégations de corruption dans une ancienne campagne municipale. « Triquard » partout, il a tenté de revenir au PQ qui n'en a (logiquement) pas voulu. Il a donc annoncé son retrait de la vie politique.

Péquiste depuis 1994 (excepté une parenthèse adéquiste en 2007-2008) et avant le transfert de Ratthé, c'est une circonscription potentiellement intéressante pour le parti indépendantiste, qui n'y a pas encore investi de candidat. La CAQ y a cependant envoyé l'un de ses candidats fétiches, l'ex-député bloquiste Mario Laframboise, dont le CV - marqué par l'indépendance pourrait porter - dans un territoire qui avait voté à plus de 60% pour le Oui en 95. Les libéraux y ont investi Marie-Claude Collin mais elle devrait faire de la figuration.

 

Pour aller plus loin :
- La liste des candidats déclarés sur le Huffington Post Québec.

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